30 décembre 2012

Plus près de toi, mon Dieu...

S'il est un point sur lequel toutes les religions sont gaillardement œcuméniques, et plutôt deux fois qu'une, c'est quand il s'agit de taper sur les athées. Qu'on soit musulman chiite, chrétien anglican, juif ultra-orthodoxe ou même hindouiste, un maudit incroyant reste un salaud de mécréant ; et les ennemis de ses ennemis étant ce qu'ils sont, on ne rechigne pas à s'allier en faisant fi des confessions et des convenances pour fustiger, blâmer, vilipender voire molester les empêcheurs de prier en rond. Ou tourné vers la Mecque, si vous préférez.
Tout particulièrement, les calotins de tous poils, y compris sur le menton 1, s'accordent à affirmer que sans la religion en général et la leur en particulier, il n'y aurait pas de morale. En effet, expliquent-ils doctement, comment un homme pourrait-il s'empêcher de faire le mal sans avoir de compte à rendre à une entité supérieure, capable de le surveiller en tous les lieux, par tous les temps 2 ? Ça, c'est la version de Papa Ratzi, le pape sorti des jeunesses hitlériennes, quand il donne des leçons au monde 3, parce qu'il a fait des études, ou du moins ses nègres en ont fait. Le croyant moyen, lui, sera plus fruste dans sa formulation, et vous gratifiera d'un « Si tu crois pas en Dieu, si tu crois pas à l'enfer, pourquoi tu vas pas tuer des enfants, après tout, tu risques rien ? » bien senti, ou autre à l'avenant. Il est bien sûr possible de nier, d'affirmer avec force conviction que son interlocuteur se trompe 4, et qu'il est tout à fait possible d'avoir une morale en dehors de la religion. Mais on court au dialogue de sourds. Aussi, il m'est venu cette petite réflexion, que vous aurez sans doute l'occasion de replacer : à moins de ne fréquenter strictement que des athées, il est inévitable un jour où l'autre d'aborder ce sujet.
On le sait, si la religion impose des cadres moraux, ce n'est en aucun cas un frein absolu — ni même juste efficace, à mon sens — à la propension des hommes à faire le mal, quoi que ce concept recouvre, là n'est pas la question. Quand l'autre a dit « que celui qui n'a jamais pêché lui lance la première pierre », on s'est bien rendu compte de la moralité des uns et des autres. Là où réside vraiment la différence entre un athée et un croyant, c'est que lorsqu'un croyant fait le bien, on ne peut jamais totalement exclure que ce soit dans le but de se faire bien voir de son ami imaginaire : ce n'est pas nécessairement conscient, mais le doute demeure. Alors que si un athée fait une bonne action, c'est seulement pour la satisfaction de faire le bien : il n'y a pas de jury de la Star Ac' version céleste auprès de qui il doit faire ses preuves, c'est indubitablement par pure bonté qu'il agit. Et ça, il ne faut pas l'oublier, au moment de vanter la supériorité de la morale religieuse sur la morale profane ou l'absence supposée d'icelle.
Amen.

1 Merci Didier Porte.
2 Merci Georges.
3 Merci Leo Strauss. Ben oui, ce n'est pas Mike Godwin qui a inventé le point du même nom ...
4 Ou que sa maman a une morale douteuse, au choix.

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